Et si la ménopause n’existait pas? Déconstruire les mythes sur la ménopause
« Il faut beaucoup de courage et d’indépendance pour décider de concevoir sa propre image au lieu de celle que la société récompense, mais cela devient plus facile au fur et à mesure. »
La Grande Mue : Ni fin, ni déclin : un nouveau langage pour un nouveau commencement.
Je parle de la Grande Mue (oui la ménopause!) comme d’un merveilleux voyage initiatique….et voici pourquoi.
Avant de s’élancer dans une grande aventure, chaque voyageuse prend un moment pour vérifier son sac, définir et ajuster son itinéraire et choisir la direction qui l’inspire – parfois même une destination. La Grande Mue du mitan de la vie d’une femme n’échappe pas à cette logique. Si on la considère comme un rite de passage, une aventure intérieure, un chemin initiatique qui pour être vécu pleinement et en conscience - mérite d’être abordé avec l’esprit ouvert et des mots justes.
Bien sûr, la plupart d’entre nous embarquent plutôt dans ce voyage les yeux bandés et sans avoir aucune idée de la destination. Nous suivons l’itinéraire imposé par notre environnement et les stéréotypes prégnants de notre société patriarcale et, à mon sens, obsolètes. C’est un peu comme arriver à la gare et monter dans le premier train qui passe en croisant les doigts pour que cela se passe bien ou plutôt le moins pire possible!
Car comme dans tout périple, le langage, les repères que nous utilisons trace les cartes que nous suivons. Si nous partons avec des repères usés, trop étroits ou empreints de peurs héritées du passé, c’est comme suivre une carte périmée!
Nous risquons de marcher dans les pas de récits qui ne nous appartiennent pas. Or, si nous choisissons des repères neufs, porteurs de sens, de curiosité et de liberté, alors nous redessinons le paysage et ouvrons des horizons insoupçonnés. C’est une mise à jour de nos logiciels intérieurs qui va prendre beaucoup de temps et d’énergie, comme celles de ton ordinateur que tu reportes depuis des semaines et qui finissent par se faire automatiquement, au pire moment de ta journée de travail et qui n’en finit pas!
Je te propose donc de choisir un nouveau vocabulaire qui te permettra d’ouvrir tes horizons et de sortir des ornières sociétaux archaïques. Changer le discours commence donc par utiliser un vocabulaire qui reflète ce que nous vivons vraiment. Je propose de troquer les mots anciens, ceux qui nous enferment dans l’idée de “fin”, pour un langage qui célèbre la transformation, la sagesse et la puissance de ce nouveau chapitre de nos vies.
Tout grand voyage commence par un sac posé au sol… ou sur le lit! Prenons ici le temps choisir notre équipement. Car les mots sont des boussoles. Ils guident notre regard, dessinent nos cartes, colorent notre perception.
Depuis trop longtemps, le vocabulaire autour de cette étape de vie a été figé dans des termes austères et réducteurs – “ménopause”, “périménopause”, “préménopause” – des mots créés dans un cadre médical, principalement masculin, et chargés d’une idée de fin, de perte, de déclin.
Or, cette expérience est tout sauf une fin. Elle est un seuil. Une ouverture. Un appel à se réinventer.
Changer les mots, changer la vision
Le problème avec le terme ménopause c’est qu’il sous-entend dans bien des inconscients collectifs, qu’un beau matin tu te réveilles sans règles et te voilà hop! tu n’es plus fertile… et tu es vieille et de surcroît bonne à jeter aux oubliettes!
Notre société occidentale rejette la notion de vieillissement et nous nous retrouvons à lutter contre un processus complètement naturel...et inéluctable! Quelle perte de temps et d’énergie!
Si nous voulons aborder ce voyage avec un esprit ouvert, il nous faut oser un nouveau lexique, capable de rendre justice à la puissance et à la beauté de la transformation perpétuelle qu’est la vie. La vérité est que nous vieillissons à partir du jour de notre naissance. Tu n’auras aucune difficulté à croire que ton corps de 10 ans n’avait rien à voir avec ton corps de nourrisson de quelques semaines! et pourtant il semble qu’après un certain âge, qui varie en fonction de chacun, chacune, cette transformation perpétuelle ne devrait plus servir à rien et être niée en bloc…
C’est ici que la médecine traditionnelle chinoise et la philosophie taoiste qui l’inspire interviennent.
Dans de nombreuses philosophies ancestrales - et donc en MTC - on part de l’observation minutieuse de la nature qui nous entoure. Il y a les manifestations de la vie sur Terre et dans le Ciel, et l’être humain - toi, donc! -est entre les deux et observe.
Premier constat: tout ce qui existe se meut perpétuellement, se transforme… C’est une dynamique en soi, un mouvement cyclique, interdépendant et permanent. L’idée de base à retenir c’est que TOUT PHÉNOMÈNE EST ÉNERGIE et donc en perpétuel mouvement. A partir du moment où on parle d’un phénomène naturel, vivant, on parle de mouvement et de transformation. C’est le concept YinYang dont tu as sans doute entendu parler.
C’est un concept très éloigné de notre conception occidentale du monde et de sa vision manichéenne des choses : où tout est bien ou mal, tout est noir ou blanc, tout est figé et passé au filtre « jugement ». C'est OU ceci OU cela. Le monde du “OU”. Tu es vivante OU tu es morte! tu es jeûne OU tu es vieille!
Alors que dans la philosophie Taoïste on est dans le monde du “ET”. Tout est contradictoire et c’est parfait ainsi! Je peux accepter le paradoxe de la vie comme moteur de mon existence et non plus un vent contraire contre lequel je dois lutter.
Et quand on observe encore un peu la nature à laquelle nous appartenons, on voit qu’à ce mouvement perpétuel des phénomènes et manifestations naturels, s’ajoutent les rythmes et cycles. Ils organisent le tout. Le mouvement perpétuel de la nature suit des cycles et des rythmes qui organisent tout mouvement et tout changement en permanence. Pas de place pour l’anarchie ou le chaos dans la nature!
On observe les cycles circadiens (c’est le rythme biologique de ton corps - si si tu en as un aussi!), les cycles saisonniers, les cycles annuels, journaliers, lunaires, les cycles de la vie d’un être humain et de tout être vivant…bien sûr le cycle féminin.
Des phases spécifiques sont observables partout: phase de naissance, de croissance, de maturité, de déclin et de mort: il n’y a donc pas de notion de fin de cycle mais que de passage, de transition vers un nouveau cycle: la mort est l’étape qui précède la renaissance. Je l'appellerai “la cyclitude” des phénomènes ou manifestations, ou parfois la cyclitude tout court. Imagine maintenant si tu intègres ce concept à ta vie de tous les jours, imagine l’ampleur de cette révolution intérieure: de quoi aurais tu encore peur si tout est cycle et si la fin n'existe pas?!!
Vois-tu pointer la vraie liberté au bout de l’horizon??!! Et BONUS! Tu peux désormais accepter de vieillir!
Maintenant, tu te demandes peut-être (et sans doute) où tu en es dans ces saisons de ta vie? Si tu cherches sur internet, tu trouveras toute une liste de symptômes plus effrayants les uns que les autres et on t’invitera à cocher les cases de longue liste pour finalement te laisser en proie à tes peurs et tes problèmes de santé.
Étant donné qu’il s’agit d’un mouvement permanent, je trouve qu’il n’y a pas de sens à se demander “suis-je en ménopause”! Et pour mieux en finir avec cette idée de ménopause, et parce que cela m’a bien aidé pour comprendre l’évolution de ces saisons - je te propose quelques repères et un nouveau lexique bien plus explicite. Nous sommes ainsi fait que nous avons besoin de repère.
Je pense que les notions d’âge que je propose ici vont tout simplement t’embrouiller! Car les étapes de cette Transition peuvent commencer et se terminer à des moments différents. Tout dépend de chaque personne. Je vois des femmes atteindre la montée en puissance immédiatement après l’hiver ou même avant, tandis que d’autres peuvent rester en intersaison bien après l’hiver. Tout comme les saisons climatiques ne sont jamais identiques, d’un point à l’autre du globe et même sur un même continent ou dans un même pays, chaque femme vivra ses changements climatiques à son rythme. L’endroit où tu te trouves dépend de ton attitude et de ta prise de conscience.
Pour revenir à la Grande Mue, on peut comparer cette saison de la vie d’une femme à l’automne. Elle est un rite de passage, de changements physiologiques ET psychologiques, mais aussi sociaux et spirituels. Pendant cette phase de développement de la vie d'une femme, au cours de laquelle le cerveau et le corps entrent en territoire inconnu, les circuits de la phase reproductive terminant leur travail. C'est la phase autrefois appelée périménopause. Tout comme l'adolescence, la Transition est bien plus qu'une simple question d'hormones. La transition hormonale, qui met fin à la fertilité, est au cœur de nos préoccupations et de la couverture médiatique, mais elle ne résume pas tout et ne représente pas qui nous sommes. On oublie trop souvent que cette Transition comporte également de nombreuses phases de croissance psychologique, notamment de découverte de son identité et d’un chemin vers l'authenticité. Elle marque un changement dans nos relations et nos rôles sociaux. Et c’est ce qui la rend à la fois intéressante à naviguer et en même temps tellement stimulante, pour peu qu’on l’embrasse à bras le corps!
Changer le discours commence par utiliser les bons mots. Je propose dès à présent un nouveau vocabulaire pour la ménopause et la périménopause et pré-ménopause, afin que - une fois pour toute- nous n'ayons plus à nous fier aux mots commençant par M et commençant par P, qui désignent littéralement la fin de la fertilité.es et de choc face à un corps en pleine transformation… et que nous n’ayons plus à avoir peur.
Aucune de ces transitions n'est explorée dans la littérature sur les phases du développement humain. « Périménopause » et « ménopause » sont des mots fossiles créés par des hommes dans les entreprises pharmaceutiques. Ces mots ne sont pas nés d'un désir d'aider les femmes à atteindre la mise à niveau, qui est une explosion de croissance et de réalisation du potentiel de la personne entière. Ils sont apparus lorsque les hommes ont étudié comment maintenir l'élasticité et la plénitude des parties de leur corps avec lesquelles ils, en tant qu'hommes cisgenres, aiment interagir, à savoir les seins et le vagin. Je ne pense pas qu'ils englobent toute la portée de la mise à niveau, et je veille à ne les utiliser que pour éclairer le débat et le remettre dans la perspective sociétale.
La Transition, l’intersaison : plus qu’une étape hormonale
Ce qu’on appelle aujourd’hui « périménopause » n’est donc pas seulement - et je le répéterai encore! - une fluctuation hormonale. C’est une Transition – un territoire inconnu où le corps et le cerveau s’ajustent, où l’identité se redessine, où l’on avance vers plus d’authenticité. Tout comme pendant l’adolescence (et aussi la maternité), les variations hormonales sont les préliminaires indispensables à la Grande Mue.
Les quatre phases de l’intersaison, les transitions à l’intérieur de la Transition
La fin de l’été, la Pré-transition : Elle survient lorsque le nombre d'ovules viables diminue et que moins de follicules se forment, ce qui impacte la quantité d'hormones sexuelles produites chaque mois. Tu peux ressentir une légère anxiété juste avant tes règles, un peu plus de difficulté à te rafraîchir après une séance d'aérobic intense, ou un peu de chaleur ou de transpiration la nuit. Ton sommeil peut être perturbé au moment des règles. A titre indicatif, la pré-transition commence en moyenne vers la fin de la trentaine ( et oui!) Un peu comme pour le climat, il peut être comme un été indien (doux et chaleureux) ou fin d’été pourri (pluvieux et déprimant)….
L’équinoxe d’automne : Elle se caractérise par des troubles du sommeil plus marqués : tu peux te retrouver trempée de sueur entre les seins ou dans la nuque par exemple, ou te réveiller une jambe par dessus les draps peut être une fois par semaine environ. Au cours de cette transition, tu pourrais avoir des saignements irréguliers occasionnels : moins abondants et moins nombreux, ou un peu plus abondants sur un ou deux jours, des règles manquantes, des métrorragies ou du spotting en milieu de mois. Cela se produit en raison de l’augmentation d’un événement normal et courant : l’anovulation, ou un cycle sans ovule. Il n’est pas rare à ce moment de te retrouver avec tes règles au jour 15 de ton cycle (en panique si tu ne sais pas que tu es entrée dans la transition!)
L’automne, le cœur de la Transition : tu as deux ou trois cycles courts par an, passant, par exemple, de vingt-huit à vingt-sept, vingt-six ou vingt-cinq jours. À la quarantaine, parallèlement aux changements hormonaux, un changement psycho-spirituel progressif de perspective et de conscience se produit, qui culmine à l’hiver.
La Transition intermédiaire : tu as deux ou trois cycles courts par an, passant de vingt-huit à vingt-sept, vingt-six ou vingt-deux jours. Cette phase est marquée par des troubles du sommeil plus fréquents (plusieurs fois par semaine) et une sensation de chaleur ou de variations erratique de ta température (oui tu peux aussi être plus frileuse!). Tu te sens régulièrement fatiguée même en dehors de ta phase prémenstruelle et tu commences à te demander “mais qu’est-ce qui ne va pas avec mon corps?”.
Le solstice d’hiver, la Transition tardive : dans cette phase tu réalises que ton corps ne répond plus de la même manière à tes injonctions. Cette phase se caractérise par des troubles du sommeil nocturnes, des bouffées de chaleur et tu peux avoir entre trois et dix cycles courts par an.
C’est - grosso modo - pendant la quarantaine, parallèlement aux changements hormonaux, un changement psycho-spirituel progressif de perspective et de conscience se produit, qui culmine au printemps suivant!
Et l’hiver dans tout ça?
Tu entres au cœur de l’hiver un an ou deux avant la ménopause, peut-être à 48 ans si tu es ménopausée à 50 ans. C'est l'hiver, la fin de vos règles. Elle commence en moyenne vers 51 ans. La postménopause, le deuxième printemps : cela se produit en moyenne vers 55 ans. Et là tu te demandes? mais je ne sais pas à quel âge je serai ménopausée?!” CQFD! Tu n’es pas en ménopause!
La Mise à niveau, l’hiver : explosion de sagesse et de liberté
Ce qu’on appelle encore « ménopause » est en réalité une Mise à niveau. Après des décennies vécues dans la zone de turbulence hormonale, c’est l'hiver, non pas un hiver du corps au sens de désert glacial (d'ailleurs il y fait souvent chaud!). On entre dans une hibernation productive où l’on explore de nouveaux chemins de sens, de créativité et d’expression. La ” mise à niveau” est en fait une montée en puissance: c’est la phase de sagesse émergeant dans la phase identitaire la plus puissante de la vie d'une femme, c'est ce qu'on appelait autrefois la postménopause. La femme émerge plus claire, plus concentrée, plus audacieuse. C’est une phase de puissance, de sagesse et de rayonnement – une mise à jour profonde du cerveau et de l’âme, une liberté retrouvée. Une saison où l’on a souvent envie de dire “fermée pour travaux, ne pas déranger!”
Le seul intérêt de connaître ces saisons est de t’aider à naviguer pendant la tempête. Parce que oui la Grande Mue secoue! En apercevant quelques rivages, quelques rayons de soleils, un clair de lune, des versants de montagnes etc. tu pourras te repérer et trouver les ressources nécessaires pour t’orienter.
Peut-être as-tu déjà passé l’hiver? Ou tu te demandes ce qui peut bien t’attendre à ton second printemps?
Le Deuxième Printemps ou la mise à niveau : un élan de vie renouvelé
Enfin, au-delà de la Grande Mue, s’ouvre le Deuxième Printemps. mais au sens d’une saison de floraison intérieure, c’est un temps d’expansion et de promesses, où la maturité devient une force, un phare pour soi et pour les autres. C’est un moment de ta vie ou les “petites jeunes” te posent des questions sur ce que tu as compris de la vie…
L'équinoxe de printemps, encore une transition à l’intérieur de la saison, la Transition précoce : cette phase commence douze mois après nos dernières règles. Certaines femmes, qui ont encore un utérus, choisissent toutefois de prendre un traitement hormonal qui imite leurs cycles naturels ; elles continueront à avoir des saignements mensuels. Beaucoup d’autres ressentent un mélange de joie de ne plus avoir de règles.
Comme au début du printemps, tu t’attends à vivre de belles longues journées sous la douce chaleur de soleil qui revient….et puis tu te rends compte que le printemps, ben c’est pas l’été! Il y a encore des perturbations et des journées de grisaille humide.
C’est la saison pour planter des graines.
Nous commençons, comme une transition intermédiaire, cette intersaison propose de s’adapter à la nouvelle réalité, à explorer de nouveaux chemins de vie, à ressentir le besoin de faire une pause et à espérer (parfois désespérément) se libérer.
Puis, tu entres à corps perdu dans le second printemps de ta vie de femme. Cette étape consiste à incarner la plénitude de la vie, à accepter les hauts et les bas, à (re)trouver un but, à dire la vérité avec habileté et efficacité, à s’engager comme mentor et marraine, et à se laisser porter par le désir de laisser l’humanité meilleure qu’elle ne l’a été.
La Révolution des 50 Glorieuses : la montée en puissance
De par ma propre expérience, celle des femmes qui sont venues me consulter, de mes amies et des recherches que je mène depuis que je me suis lancée dans le projet “Nos 50 Glorieuses”, je sais aujourd’hui que la libération de la phase reproductive est une période incroyable, extraordinaire et désormais beaucoup plus longue de la vie d'une femme que jamais.
Je pense que montée en puissance du mitan de la vie d’une femme peut même redéfinir complètement ce que signifie être une femme.
La grande Mue, cette transition extraordinaire, peut durer entre deux et quatorze ans. Le déploiement de la mise à niveau peut s'étendre sur une décennie et se poursuivre sur quarante ou cinquante ans. Chaque femme vit une expérience différente.
À nous de décider qui nous voulons être!
J’espère que cet article t’éclaire sur ton chemin et te permet de prendre du recul par rapport à ce que tu traverses.
Dans le prochain article je te parlerai des promesses du second printemps, nous allons entrer dans le vif du sujet.
Namaste
PS: ce texte est la base écrite et approfondie de l’épisode no 1 du Podcast Nos 50 Glorieuses.
Tu peux écouter la version “balade en forêt” de notre discussion ici
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